Réduire notre empreinte carbone : un voyage vers un avenir plus vert

Quand je me déplace, quand je mange, quand je me lave, quand je pars en vacances, quand je m’achète des choses, je consomme de l’énergie et la création de cette énergie émet des gaz à effet de serre. Total, sur une année, j’envoie environ 10 tonnes de ces gaz dans l’atmosphère, comme tous les Français en moyenne. C’est ce qu’on appelle l’empreinte carbone. Mais 10 tonnes par personne, c’est trop. Pour limiter le changement climatique, il faudrait que tout le monde descende à deux tonnes d’ici à 2050. Pour y voir plus clair, voyons ce qu’il y a dans mon empreinte carbone. Avec cette représentation, on voit les émissions de gaz à effet de serre pour chacune des grandes activités de ma vie. Ça permet de repérer là où les efforts seront les plus efficaces. Mais est-ce que vraiment, juste avec de la bonne volonté, un individu peut par lui-même descendre jusqu’à deux tonnes par an ? Eh bien, il y en a qui y arrivent presque.

Et pour cela, le premier poste d’émission qu’il faut réduire, c’est celui des transports, qui représente 27 % des émissions individuelles. Et surtout, l’utilisation de la voiture. Direction Lyon pour rencontrer quelqu’un qui est dans une démarche de vie bas carbone. Bon, ici, sans voiture, ça ne devrait pas être trop compliqué.

En ville, c’est beaucoup plus simple d’avoir une empreinte carbone basse pour deux raisons. La première, c’est que tout est plus proche en ville pour faire ses courses, pour aller à la crèche, pour aller au lieu de travail. Le second point, c’est la mutualisation des coûts. Les collectivités pourront investir dans des métros, des tramways, des bus plus facilement parce qu’il y a plus d’utilisateurs. C’est aussi le cas pour les vélos en libre-service. Mais comment faire quand on vit à la campagne ? J’habite dans un village d’un petit peu moins de 800 habitants. Mon mode de transport principal, c’est le vélo et le train. Voici ma deuxième interlocutrice. Claire est fonctionnaire territorial. Elle est engagée dans un mode de vie bas carbone depuis 10 ans.

Comment je fais pour ne voyager qu’à vélo et en train ? Je choisis mes activités, mon métier, mes sorties de loisirs et professionnelles s’il y a un train qui y va. On a choisi la maison parce qu’il y avait une piste cyclable qui nous a amenés à la gare. Donc à la campagne aussi, c’est faisable, à condition d’avoir les infrastructures.

L’autre gros poste d’émission des transports, c’est l’avion, 16 %. Mais sans avion et sans voiture, comment partir en vacances ? Maintenant, on maîtrise TER, Intercités TGV. Je peux vous dire la différence, où vous pouvez prendre des vélos ou pas, ce qu’il faut réserver. Il y a des lieux où il y a des bagageries aussi parce que parfois vous arrivez, vous louez votre vélo, mais vos bagages, vous ne pouvez pas les amener à vélo dans un camping ou dans un hébergement. Ça coûte 10 balles. Ils font quatre kilomètres avec vos bagages et c’est ce qui vous permet de passer vos vacances bas carbone.

Après les transports, il y a l’alimentation. C’est 24 % de l’empreinte. Là, ce qui pèse le plus, c’est la viande. Avec les produits issus de l’élevage, comme le fromage et les œufs, c’est plus de la moitié. Donc, manger moins de produits d’origine animale, c’est central pour baisser ces émissions-là. Je ne suis ni végétalien, ni végétarien. Par contre, je mange très peu de viande. Le truc, c’est que très peu, ce n’est pas un ordre de grandeur.

Découvrez le guide incontournable pour agir concrètement en faveur de la planète !

Pour suivre de près sa consommation de viande, Camille a créé un système de magnet sur son frigo. Sur deux semaines, soit 28 repas, 10 sont végétaliens, donc sans produit d’origine animale, 10 sont végétariens et huit sont omnivores, donc composés de viande ou de poisson. C’est un impact carbone en dessous d’un végétarien, mais ça demande de vraiment faire des efforts sur le végétalien. Il ne faut pas se dire que pour mes quelques repas omnivores, je me fais des énormes pièces de bœuf. Car la viande de bœuf est la plus émettrice de gaz à effet de serre. Il faudrait plutôt essayer de la troquer contre des falafels au yaourt de lait de coco et légumes d’été, par exemple.

Rien qu’avec le transport et l’alimentation, nous avons la moitié de notre empreinte carbone. Maintenant, voyons ce qu’il reste, en commençant par l’habitat, 19 % des émissions. Et là-dedans, ce qui pèse le plus, c’est notre manière de nous chauffer, de chauffer l’eau, de chauffer notre alimentation. En 2013, Claire et son compagnon ont acheté cette maison des années 70, très gourmande en énergie. Un grand chantier pour isoler la maison est alors lancé. Vous avez toute la maison qui est entourée de bottes de paille. Et le haut de la maison, là où il y avait des combles perdus, on a mis 50 cm de ouate de cellulose insufflée. De la paille bio qui provient d’un agriculteur du coin, la ouate de cellulose issue majoritairement de papier recyclé et l’enduit fait avec la terre du jardin. Résultat, en été. Pendant la canicule d’il y a un mois, on a eu 38, 40 en journée. La maison était à 21. En hiver, le logement et l’eau sont chauffés avec ce poêle à bois, à raison de quatre à cinq mètres cubes de bois par an. Aujourd’hui, les factures énergétiques autres sont quasi nulles. Tous ces travaux, amortis sur 30 ans, coûtent environ 200 € par mois, un investissement qui fait sens pour Claire Véret car la maison coûtait 3 500 € par an à chauffer il y a 10 ans.

Tout cela est envisageable quand on est propriétaire de sa maison individuelle. Mais comment faire quand on est locataire d’un appartement chauffé au gaz, comme Camille ? À partir du moment où je ne peux pas changer le combustible, le gaz est une énergie fossile très émettrice, je vais jouer sur les usages. L’hiver, c’est limiter la température à 19 degrés, voire 18, utiliser des plaids et des bouillottes. En cuisine, un simple couvercle permet une économie d’énergie de 30 %. Pour les cuissons longues, l’utilisation d’une cocotte norvégienne cette boîte fait main ultra isolée, permet de diviser jusqu’à 10 fois l’utilisation de gaz. En été, le soleil peut faire monter ce four à 150 degrés grâce à un système de miroirs. Et c’est aussi le soleil qui chauffe l’eau de cette douche.

Le dernier poste d’émission, c’est la consommation. Ça représente 16 % du total. Ce sont principalement les objets qu’on achète et qui ont besoin d’énergie pour être fabriqués. Chez Camille, l’idée est d’acheter le moins d’objets neufs possible. Pour cela, il a trois habitudes. Fabriquer avec des matériaux de récupération ce qu’on aurait autrement acheté, chercher ce que l’on veut acheter sur des sites de seconde main ou de dons et fonctionner sur un stock fixe de vêtements. Si je veux rajouter un vêtement, je dois soit vendre, soit donner en seconde main, soit jeter si quelque chose est vraiment déchiré, un vêtement avant d’en acheter un autre. Ça permet de limiter l’achat compulsif.

Acheter moins de choses neuves, isoler son logement, changer de sources d’énergie, diminuer la viande, se passer de la voiture et de l’avion, tout ça mis bout à bout, ça fait baisser les compteurs considérablement. L’empreinte carbone de Camille est à 3,4 tonnes par an et celle de Claire à 2,6 tonnes. Difficile de faire mieux car il reste un secteur dont on n’a pas parlé, celui-là. Ce sont les émissions liées au service public, comme l’administration, l’enseignement ou la santé. Elles représentent en tout 1,4 tonne. Et ça, les individus ne peuvent pas y faire grand-chose. L’État doit donc aussi faire sa part, par exemple en rénovant l’isolation des bâtiments publics ou en électrifiant les modes de transport des fonctionnaires.

Mais le niveau d’engagement de Camille et de Claire est-il envisageable à l’échelle de tous les Français ? Selon un rapport du cabinet Carbone4, l’impact de ces gestes du quotidien pourrait faire baisser l’empreinte carbone individuelle entre 20 et 45 % selon le niveau d’engagement des personnes et leur capacité matérielle à faire des changements. Le rapport souligne la marge d’action importante de l’État et des entreprises privées, qu’il s’agisse de l’industrie, de l’agriculture, des transports de marchandises, de la production électrique. Sans la décarbonation de ces secteurs, l’objectif de deux tonnes risque de ne jamais être atteint.

Pour finir, revenons sur la moyenne de 10 tonnes par Français. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une moyenne. En réalité, tout le monde n’émet pas de la même manière, notamment en fonction d’un critère, les revenus. Si on sépare les Français par niveau de revenus, ça change la donne. On se rend compte que la moitié la plus pauvre de la population n’émet que cinq tonnes par personne. Pour les 40 % qui gagnent davantage d’argent, la moyenne est à neuf tonnes. Et pour les 10 % les plus riches, c’est près de 25 tonnes par personne. Dans un sens, c’est plutôt une bonne nouvelle car ce sont ceux qui ont les moyens financiers qui ont la plus grande marge d’amélioration de leur comportement. Mais attention ! Pour parvenir à deux tonnes d’ici à 2050, tout le monde doit agir. D’autant plus que chaque action peut servir d’exemple à ceux qui ne savent pas quoi faire.

Question finale: Et vous, quelles actions seriez-vous prêt(e) à entreprendre pour réduire votre empreinte carbone et contribuer à un avenir plus durable? Partagez vos idées dans les commentaires ci-dessous et engageons un débat constructif sur ce sujet crucial pour notre planète.